dimanche 30 septembre 2012

Chutes de l'Orkhon et direction Naiman Nuur

28 juillet 2012

Boldo, Dembe et leurs familles n'habitent pas loin des chutes de l'Orkhon. En une petite heure à cheval nous y sommes. L'endroit est très joli quoi qu'un peu trop touristique. C'est la première fois depuis longtemps que je vois autant de monde. Principalement des mongols d'ailleurs, qui découvrent le tourisme et visitent leur pays.
Il fait chaud encore ce matin, et la proximité de l'eau et les berges bordées d'arbres sont un bonheur !



































Je vais me baigner les pieds et me tremper la tête. Ca fait un bien fou !










On s'arrête à midi chez des amis de Boldo et Dembe. Ils élèvent des yacks et nous en prêteront pour le bât lors de notre parcours de trois jours dans la région de Naiman Nuur, les Huit lacs. 


Lorsqu'on arrive, on a perdu Bagi ! Les camionnettes ne sont pas encore arrivées et l'attente nous fait nous inquiéter. Dembe me propose d'aller faire un tour en moto jusqu'aux prochaines yourtes voir s'ils ne se sont pas trompés d'endroit. Dembe est un petit gabarit, j'ai l'impression d'être derrière un gosse ! On aura pas trouvé Bagi, mais le petit tour à moto dans la steppe aura été bien sympathique.
Boldo part à sa recherche de l'autre côté de la vallée. Toujours pas de Bagi.
On s'occupe en l'attendant. Dembe me défie au bras de fer. Inutile de préciser que je me suis faite éclater. Il m'apprend aussi un jeu, se rapprochant de pierre-papier-ciseaux, où chaque doigt bat le suivant (le pouce bat l'index, l'index bat le majeur, ...) et où le premier arrivé à 3 points donne une pichenette sur le front de l'autre. Les pichenettes mongoles font mal !


Finalement, Bagi arrive, en entier, sans souci. On mange rapidement et on se met en route pour la région des Huit lacs. En se rapprochant de Naiman Nuur, on se rapproche de la montagne, des petites forêts de pins et de mélèzes se font plus nombreuses, des fleurs de toutes les couleurs se mêlent aux herbes. On sait aussi que la montagne pointant son nez, les galops qui nous attendent seront les derniers avant notre retour en plaine dans trois jours. Je savoure ces instants. Des pointes de vitesse à 37km/h, sur des chevaux de cette taille, c'est impressionnant et euphorisant.

On installe le camp à l'orée de la forêt s'étendant sur la montagne. Je monte ma tente en vitesse et m'y réfugie le temps d'un orage. Lorsque je ressors, il y a à nouveau ce contraste entre le gris sombre du ciel et la fluorescence du vert des arbres. Malgré le ciel chargé, c'est un décor apaisant. Un arc-en-ciel, double, s'invite parmi nous.























C'est l'heure de l'airag. Je ne suis toujours pas une fan, mais je bois ça sans aucun problème maintenant. On s'amuse avec le lasso, Boldo et Dembe essaient de nous attraper puis après c'est notre tour. Désastreux ! On leur dit qu'on préfèrerait jouer à la corde, là on serait plus à notre avantage. C'est parti ! Je vous ai déjà dit qu'on s'amusait d'un rien ?




Viennent après les concours de pompes. Je me surpasse et en fais 10. C'est un exploit pour mes pauvres petits muscles.

Les yacks arrivent, le chargement est impressionnant.
On en profite avec Jeanne pour faire un petit tour à dos de ces bestioles bizarrement foutues.

La soirée a lieu autour du feu. Avec des chants. Encore une fois, la beauté de leurs mélodies nous impressionne. On chante "Le lion est mort ce soir", Dembe qui aime beaucoup chanter participe pour les choeurs. Boldo nous prête son deel parce qu'on a froid. Toujours plein d'attention.
C'est encore une soirée pleine de complicité, les uns serrés contre les autres, présents dans l'instant. On ne pense pas à notre journée, pas à ce qui nous attend, on profite juste du moment. On est bien, c'est tout ce qu'on sait et tout ce qu'on a besoin de savoir.

Après cette journée à nouveau riche en partage et moments délicieusement simples, je vais me coucher. Fatiguée mais sereine.


vendredi 28 septembre 2012

Chez les nomades

27 juillet 2012

On revient sur nos pas pour contourner la montagne. De l'autre côté de la vallée, les familles de Boldo et Dembe nous attendent.
Les chevaux sentent qu'on est en route pour leur "maison", ils sont excités et ne tiennent pas en place. On se balade dans les grandes herbes, le terrain est idéal pour galoper, on laisse les chevaux y aller. 

On s'arrête pour manger dans un coin très sympa, au bord de l'Orkhon, près d'une petite maison qui abrite un zodiac. 
Il fait une chaleur insupportable dès qu'on met pieds à terre. Et comme il n'y a rien pour nous faire de l'ombre, c'est la tête sous le camion qu'on se repose un peu. On est pas mignons là dessous ?




Encore des fous rires ce midi. Batailles de criquets et de crottes de chèvre avec Boldo. On s'amuse vraiment d'un rien ici, moi qui rigole pour que dalle ça ne peut que m'aller.



On est seuls avec Boldo et Soko pour repartir. Ash s'est disputé avec sa copine, reste sur place pour régler les choses et Dembe aussi, pour ne pas laisser Ash faire la route seul quand il nous rejoindra. On est obligés de rester au trot. J'en veux à Ash qui nous impose ses problèmes perso. 
Sur la route, des amis nomades de Boldo nous invitent à nous arrêter. Entrée dans la yourte du pied droit, on n'ose pas trop s'asseoir parce qu'on ne sait pas vraiment quelles places peuvent nous être attribuées. Finalement je fais ce qu'on me dit sans trop me poser de questions. 
On nous fait passer l'öröm, une sorte de beurre fait avec la crème qui se forme au dessus du lait. Assez dur dur à manger, puisqu'on mange ça sans rien et qu'on a l'impression d'avaler un morceau de beurre. Vient ensuite du lait de chèvre distillé. C'est assez doux au goût, et c'est vrai que ça a un arrière-goût, discret, de fromage.

Ash et Dembe arrivent à la yourte, trempés. Ash nous raconte en riant qu'il n'en peut plus, qu'ils ont galopé, galopé, galopé pour nous rejoindre. Oui, ben nous, on a trotté seulement et on vous a attendus là. Aucune excuse, je n'ai pas trouvé ça sympa de sa part.
Mais je ne suis pas là pour être rancunière. Je veux en prendre plein la vue et profiter, donc je passe à autre chose.

Arrivée chez Boldo et Dembe.


  
 Un bouc, attaché, nous attend. Les nomades vont nous préparer un khorkhog, de la viande cuite avec des pierres chaudes.
Comme Jeanne est étudiante véto, Boldo et Dembe lui avaient proposé de tuer le bouc (en arrachant l'aorte pour que l'animal se vide de son sang à l'intérieur). Avec Marie-Astrid, on aide à dépecer et découper la viande. Je ne me serais jamais vue faire ça, mais dans le contexte, ça semble naturel: c'est une bête de leur troupeau, qu'ils élèvent pour manger. Et il n'y a pas une goutte de sang, c'est fait proprement.
Boldo rit beaucoup, jamais il n'a vu de touristes participer à la préparation. Il nous explique tout patiemment et on s'applique du mieux qu'on peut, mais malgré tout on est parfois maladroites et assez lentes ! On y a passé quasiment deux heures...






Le bouc mijote avec des pommes de terre, des oignons pendant une heure. En attendant, on va traire les juments et les dris (femelles des yacks). Je goûte du lait de jument tout frais, encore tiède, tout mousseux. C'est un régal ! Je n'aime pas le lait de chez nous, et ici tout passe. Le lait de jument a un goût frais, assez sucré, proche du melon.

Quelques photos des visages d'ici. Ces gens sont beaux.

 
 

 
C'est la première fois que je mange du bouc, et c'est très bon. La viande est moelleuse, pas trop forte, les pierres absorbent la graisse et donnent du goût. Il reste quand même beaucoup de gras sur les os. Et en Mongolie, on mange tout ! Alors, moi qui épluche toujours tout, je suis heu-reuse ! Je choisis une vertèbre, là au moins il n'y a pas de gras. On mange avec nos doigts, j'adore manger avec mes doigts. Ce sont vraiment des plaisirs simples la Mongolie.
Soirée picole ! Vodka et lait de yack distillé (yack vodka). Bizarrement, la yack vodka paraît beaucoup moins sympa que celle de cet après-midi. On l'accompagne d'un "brrrrr" à chaque fois. Les verres reviennent sans arrêt, mais la yack vodka est "mach sain" (très bon), alors on boit ! 
Dodo en yourte cette nuit. Avec Céline, Jeanne et Marie-Astrid. On se dit qu'avec tout ce qu'on a bu le lit va tourner, mais en nous couchant, surprise: tout est calme et chaque chose à sa place. En plus, le poêle a réchauffé la pièce et l'air chaud nous enveloppe douillettement.


Oh, et pour la première fois, on peut aller "chèz" en toute intimité ! Parce que la steppe, c'est super sympa, mais y'a pas d'arbres ou de buissons pour se cacher.



mardi 25 septembre 2012

"Elle descend de la montagne à cheval"

26 juillet 2012

La nuit a été glaciale ! Il y a eu beaucoup de vent, ça rentrait directement par la ventilation de la tente. Je me réveille un peu contractée. En plus, j'ai fait un rêve qui me travaille.

Aujourd'hui, direction la montagne à travers la forêt de mélèzes. Mais jusqu'à la pause de midi, on est encore en plaine, on se refait donc une série de bons grands galops.





Qu'est-ce que j'aime cette sensation de liberté. On vole presque !











Les premières montées et descentes. Mon petit cheval fait moins le fier, c'est un petit cheval de steppe ! Crapahuter ça a l'air moins son truc.
Il fait vraiment chaud ce matin. A cheval ça va, mais dès qu'on met pieds à terre pour manger on se rend compte d'à quel point le soleil tape. Et ici, il n'y a pas d'arbres pour se mettre à l'ombre. On se fait donc un abri de fortune avec une bâche qu'on accroche aux camions qu'on a retrouvés pour le déjeuner.
Il y a une foule de mouches. Ca bourdonne, ça bourdonne. Ce bourdonnement m’écœure, ça me fait l'effet de mouches tournant autour d'une bête morte.


On est repartis, accompagnés de mouches et de taons. J'ai un petit côté sadique et je prends plaisir à les éclater. On est tout près de l'entrée de la forêt. Il nous faudra une heure pour atteindre le monastère de Tovkhon. Le chemin entre les mélèzes est trempé, boueux, les chevaux marchent de préférence tout près des troncs, là où le chemin est plus sec. Plus on avance et plus les arbres sont resserrés. Ca implique de faire attention à ne pas laisser ses genoux dans les arbres ! Je me transforme en contorsionniste, à éviter les arbres en me tordant dans tous les sens. Mais pas de bol, je ne suis pas assez rapide et mon genou tape dans un tronc qui se plie littéralement. Ouch ! Heureusement que l'arbre a plié, j'aurais eu bien plus mal sinon, mais je vais hériter un joli bleu je pense.

Le monastère est là, devant nous, à 2312m d'altitude. Il a été construit en 1650 en l'honneur de Zanabazar qui fut le premier chef spirituel du bouddhisme tibétain en Mongolie. Le site a lui aussi souffert des purges communistes.

On attache les chevaux, à côté des foulards bleus de prière qui parcourent tout le site. Un chemin de prière à la sortie du temple, nous permet d'accéder à plusieurs petites grottes de méditation (parfois très petites). Il ne faut pas avoir peur du vide pour emprunter ce chemin, on s'aventure dans la roche, sans rien pour se tenir. De là-haut, on a une vue magnifique sur les montagnes alentour, recouvertes de mélèzes. Le ciel est d'un bleu pénétrant. C'est peut-être couillon, mais j'ai eu l'impression de faire partie du monde en regardant cette immensité tout autour.




On rejoint Ash, resté avec les chevaux parce que l'entrée du temple lui est interdite, sa famille est de religion chamanique. Je ne vois pas mon petit bai. Il nous manque des chevaux non ? En fait un lama est attendu au monastère, des chevaux nous ont été empruntés pour aller le chercher. Ils mettent un temps fou à revenir. Entre temps on patiente en plaisantant, on se balançant des pommes de pins, en se chatouillant avec des longues herbes... On s'amuse d'un rien, encore !
Plus d'une heure plus tard, les chevaux réapparaissent. Je récupère mon petit bai et nous sommes prêts pour redescendre la montagne. J'ai l'impression de moins raser les arbres que lors de la montée, c'est appréciable.
On arrive au campement du soir, qui est le même que celui de ce midi.

Il pleut toute la soirée qu'on passe donc dans la grande tente. Dembe chante beaucoup à cheval, il veut nous apprendre une partie d'une chanson d'éleveur pour qu'on puisse la chanter ensemble pendant qu'on monte. Ash nous aide un peu.
Certains vont se coucher, il ne reste plus que Dembe, Boldo, Ash, Céline, Marie-Astrid, Jeanne et moi. Comme la nuit dernière. Il ne pleut plus, on note quelques mots de vocabulaire dans nos carnets au clair de lune. J'aime bien ces moments, quand il n'y a plus que nous, j'ai l'impression d'être sur la même longueur d'onde que les autres. Comme quoi, on n'a pas besoin de parler la même langue pour se comprendre et partager.


vendredi 21 septembre 2012

Dans le vent

25 juillet 2012

Pas besoin de réveil, malgré la perte de notion du temps, je suis réveillée pour le petit-déj'. Quel bonheur en ouvrant la tente de voir les chevaux à deux pas.
Pas de courbatures.
Avec Francis, on se demande quel jour on est. Je me fiche de savoir mais c'est drôle de perdre si vite pied. Ca aussi c'est un bonheur, de vivre sans se préoccuper de l'heure, de juste profiter du moment présent.

"Nous revoilà partis pour de nouvelles aventures" comme dira Anne au début de chaque journée.
Le terrain est plat mais beaucoup de rocaille nous empêche de galoper. Mon petit cheval veut toujours être devant, même s'il faut dépasser Boldo pour cela (et on n'a pas le droit de dépasser le guide en rando). J'ai le mauvais réflexe de lui tirer sur la bouche, je pense que je suis encore un peu crispée de mes aventures de la veille.
Petits galops dès qu'on peut. Boldo, devant, est toujours au trot, nous on n'arrive pas à suivre l'allure sans galoper. On longe la route pour rattraper les camions et faire une pause anti-soif. Ô joie, Boldo sort de l'airag de son deel ! La deuxième tournée est beaucoup moins surprenante, ça se boirait presque facilement. Bizarrement, ça désaltère vraiment.
Petite photo de toute la troupe avant de repartir.






Quand je retrouve mon petit bai, son toupet est attaché façon chevaux de course, avec un lien bleu venant de son licol. Je ne sais pas qui de Boldo ou de Dembe a fait ça, mais je trouve le geste adorable. Je reprends donc la route sur mon petit cheval de course.




On s'arrête en chemin à un camp de yourtes pour touristes, on veut acheter de la bière. On en profite pour passer par les toilettes, certains prendront une douche.

Après manger, Ash nous propose à Jeanne et moi de pêcher avec lui. Du poisson pour ce soir, ça pourrait être très sympa, ok on le suit ! Il faut attraper des criquets avant, pour servir d'appâts. Trop fière de moi, j'arrive à attraper le mien du premier coup, avant même que Boldo ait attrapé le sien. La pêche ne sera pas fructueuse... tant pis !
Boldo s'amuse à nous balancer les criquets dessus. Ca le fait rire. Il nous bombarde de fleurs de chardons, toutes sphériques. Ca aussi, ça le fait rire. J'aime voir qu'un rien amuse ce grand bonhomme.


On quitte le camp sous un ciel qui se charge. Des pentes raides et caillouteuses, des herbes hautes, des troupeaux de chevaux, le contraste avec le gris sombre du ciel qui fait ressortir le vert de l'herbe, les montagnes qui menacent de percer les nuages. C'est bien simple, il y a toujours quelqu'un pour dire à quel point c'est magnifique. Là, c'est mon tour, et Anne enchaîne sur un ton taquin très Anne "enfin Anaïs, il nous en faut plus maintenant !". 

Traversée de la rivière. J'adore les traversées de points d'eau à cheval. Le bruit des membres qui déplacent l'eau, celui des éclaboussures.
On doit contourner un renfoncement où coule une autre rivière, avec un tas d'îlots plein d'arbres. Le campement du soir est à une bonne demi-heure.

Une vaste plaine nous ouvre les bras. Boldo lance le galop. On va déjà vite quand il ne fait que trotter, je vous laisse imaginer. Nos chevaux fusent, c'est magique ! Tchou, comme on dit là-bas pour accélérer ! Encore plus vite. Tchou ! Encore plus vite. Mon petit cheval en a toujours sous le capot et je sens qu'il s'éclate. Moi aussi. Ca n'en finit plus, c'est génial. Je file dans le vent, j'ai juste à savourer la vitesse et la liberté. Je crois que c'est vraiment à ce moment que j'ai réalisé que j'étais là, en Mongolie.

A l'arrivée au campement, le ciel fait la gueule. Il y a un vent hallucinant. On attache les chevaux qui se mettent aussitôt croupe au vent. 



J'essaie de ne pas m'envoler en montant ma tente.
Petit tour en camionnette vers des sources chaudes. Après une quantité de bosses que je pensais infranchissables en voiture (c'était sans compter sur ces petites fourgonnettes russes et Dojo, le super conducteur !), voilà les sources. Alors moi, j'imaginais des bassins naturels, dans lesquels il était possible de se baigner. Je me suis complètement plantée ! Ca ressemble à des petites mares où la profondeur permet de trempouiller ses pieds, pas plus. Et c'est loin d'être chaud, ça semble même assez glacé. Chaque petit bassin a des propriétés pour différentes parties du corps. On décide de boire celle pour les intestins, au cas-où !

De retour au camp, le soleil semble vouloir revenir. J'en profite pour laver mes cheveux à la rivière.
Ensuite, petite session photo parce que le coin est superbe avec le soleil couchant, tout est doré.






Boldo


Avec Céline et Jeanne, on décide d'aller se balader. En route on croise Ash et Boldo qui reviennent d'une yourte voisine. Ils nous proposent de rentrer à cru avec eux. Céline monte avec Ash, Jeanne avec Boldo. Et moi ? Boldo me dit de monter aussi. Voilà comment on se retrouve à 3 sur un petit cheval ! Tous les trois morts de rire: Boldo sur un garrot très saillant, Jeanne au milieu qui a super chaud, et moi qui glisse sur la croupe à chaque pas.




Après le repas, on reste à discuter. Il y a des étoiles plein le ciel. Ca change de Paris. La lune se reflète sur la rivière qui se transforme en mince filet d'argent. On ne se voit pas beaucoup, c'est marrant. Les nomades nous questionnent sur nos métiers. Certains métiers (le marketing, l'informatique) semble dérisoires. Je suis contente de bosser auprès des gens, ça se rapproche de leurs valeurs. J'explique donc mon boulot d'orthophoniste. Boldo me dit qu'il faut que je reste, que son beau-père bégaie. On apprend que les mongols avaient pour objectif de s'amuser à nous faire répéter des conneries. On leur conseille d'essayer avec Anne. On apprend aussi que "chèz" veut dire pisse. Ca vaut quelques rires lorsqu'on parle de "chaise". Du coup, en allant faire le pipi du soir, on s'est dit qu'on allait "chèz". Eh oui, on s'amuse d'un rien nous aussi.





mercredi 19 septembre 2012

A cheval !

24 juillet 2012

1è journée à cheval. J'ai passé une super nuit. Tu t'endors dans un cadre idyllique avec le bruit des chevaux qui broutent à côté de la tente.
Après le petit-déj', c'est l'attribution des chevaux. Ca se fait à l'oeil, les nomades ne savent rien de notre niveau, ni nous du caractère des chevaux. On me désigne un petit bai, je fais partie des moins grandes du groupe, sûrement pour ça.
La selle est super confortable, malgré tout ça fait bizarre de me dire que je suis partie pour 10 jours sur ce petit cheval et cette selle.

On est partis ! L'allure est rapide, les petits chevaux de steppe, ils avancent. J'essaie de trotter debout, à la mongole, mais il faut s'y habituer. Heureusement, ma petite monture, malgré son trot très rapide, est un siège. J'emploie beaucoup trop de qualificatifs "petit", mais c'est affectueux et puis les chevaux mongols sont petits, donc ça colle d'autant plus. Les chevaux ont le pied sûr, trottent dans la caillasse sans se poser de questions.
On passe dans des coins magnifiques, croise des chèvres qui crapahutent dans les montagnes, à se demander comment elles ont pu arriver là.

Cette info sort un peu de nulle part, mais les chèvres dans la montagne m'y font penser, en moyenne dans la vallée on est à 1500m.

Dès que les chevaux en ont l'occasion, petites foulées de galop. Je sens que j'ai un petit moteur sous moi. Il a l'air nerveux et semble apprécier d'être dans le peloton de tête.
Pendant un galop dans une des vaaaaastes plaines, la sangle de la housse de mon appareil photo se détache et vient fouetter la croupe de mon cheval. Ca aurait fait bondir un bon nombre de chevaux, alors un petit cheval mongol, qui vit en liberté, sans personne sur le dos pendant 10 mois dans l'année, qui a peur de tout ce qu'il ne connaît pas, un petit cheval mongol ça le fait détaler. Rien à voir avec les galops que j'ai connus, même les courses à toute blinde sur les longues plages de sable. Ici, il n'y a rien qui puisse l'arrêter, la steppe continue sans fin, aucune roche à l'horizon. Il a peur, il détale et moi je n'arrive à rien. J'ai les rênes dans une main, la housse et l'appareil qui commence à en sortir dans l'autre. J'essaie de le freiner: rien. J'essaie de le faire tourner pour revenir vers les autres: que dalle. Il ne veut rien entendre. Il a peur et c'est tout. Dans ma tête ça se bouscule, ça pourrait être le pied parce que la vitesse est super impressionnante et super agréable, mais jusqu'où je vais aller comme ça ? Et jusqu'où voudra-t-il bien me garder sur son dos ? Je ne sais pas comment, mais j'arrive finalement à faire demi-tour et à le ramener vers le groupe. J'ai fait peur à tout le monde !




Pause le midi au bord de la rivière. Trempette des pieds et de la tête, ça fait du bien et ça change les idées. Oui, c'était un coup de panique du petit bai mais je ne peux pas m'empêcher de penser que la rando commence bien !
On retente un galop et Boldo, qui est en tête, me fait signe de rester à côté de lui, il me prend même une rêne.  J'ai un peu l'impression d'être une petite chose et aussi de ne rien contrôler, mais merci Boldo. C'était adorable comme attention.
Tout le reste de l'après-midi, il me cherchera du regard pour s'assurer que tout va bien.

On arrive là où on va passer la nuit. Je descends de selle, les jambes un peu arquées. Des étirements seront les bienvenus !
Boldo et Dojo (un des chauffeurs qui nous ont rejoint avec les tentes) me proposent de l'airag, le fameux lait de jument fermenté. On s'installe avec Jeanne et Céline, prêtes pour la dégustation. C'est assez bizarre, ça pétille, ça a le goût de fromage mais un peu acide, tout en étant rafraichissant. Et ça tourne la tête, un peu, aussi.


Dojo veut nous faire danser la valse mongole sur la musique qu'il a mise dans le camion. C'est surréaliste: danser la valse au milieu de la steppe mongole.
On passe la soirée autour d'un feu, à chanter, un coup en mongol, un coup en français. Les mongols chantent tellement bien, leus mélodies sont tellement jolies que j'ai honte. On ne connaît pas une chanson en entier, on est minables à côté d'eux.

Le coucher de soleil est magnifique (je n'ai pas fini d'employer ce mot). Après une soirée qui promet des moments de complicité pour les jours à venir, on va se coucher. Les chevaux broutent à côté et j'ai la certitude qu'un fantastique voyage s'offre à moi.





mardi 18 septembre 2012

Une journée tant attendue

23 juillet 2012

C'est parti pour 2h30 de tape cul. Parce que des nids de poule, il y en a toujours, mais maintenant, on est sur de la piste !
La camionnette rattrape la route, c'est appréciable de rebondir un peu moins. Le long de la route, il y a des panneaux qui indiquent la direction d'une piste. Je me dis qu'il en faut des réflexes pour tourner au dernier moment. Des réflexes, ou sacrément bien connaître le coin.

 
Après quelques bosses, je n'ai aucune notion du temps qui passe, on croise un ovoo. Ces talus de pierres qui servent pour les sacrifices dans la religion chamanique.




































Nous nous arrêtons pour faire un voeu. Je ramasse trois cailloux, les jette sur le tas et fais le tour dans le sens des aiguilles d'une montre. Toujours dans ce sens là, c'est une question de continuité.







Arrivée à Kharkhorin. L'ancienne capitale de l'empire mongol, au XIIIè siècle, fondée par le successeur de Gengis Khan.
Là où on ressent l'effet séjour organisé, c'est qu'une visite du monastère bouddhiste Erdene Zuu est prévue. Je m'en moque, puisque je suis curieuse et intéressée par la philosophie bouddhiste. En revanche, ce n'est pas le cas de plusieurs randonneurs, qui ne sont apparemment venus que pour monter à cheval. Tout ça pour dire que j'aurais préféré faire la visite seule.


Une grande partie du monastère a été détruite par les Soviétiques. Ici, ont vécu jusqu'à 10000 moines !
Certains temples ont été restaurés, l'intérieur est doté de couleurs assez criardes. Les toits sont en revanche magnifiquement décorés.


 

Passage par la case marché. Un assemblage de conteneurs qui servent de stands. Ici, tout se récupère.
Je goûte à du fromage de yak, des sortes de pépites très sèches. C'est très acide.
Le marché, c'est également ma rencontre avec un mongol sourd et muet, probablement un peu fait, ne marchant pas d'un pas très sûr. Il me prend le bras et prend mon pouls. J'aurais des tensions dans le cou, il veut donc me masser. Euh non non. Je suppose qu'il veut de l'argent et je n'ai rien à lui donner. J'insiste donc, au point d'être un peu désagréable. 

On reprend les camionnettes pour la dernière fois avant longtemps. On rejoint notre zone de campement, près de la rivière, là où on attendra les nomades et nos petits chevaux avec impatience.





























Découverte des immenses environs. Il y a des troupeaux partout. Les animaux n'ont pas peur, on se balade parmi eux sans qu'ils bougent. Des nomades, un peu plus loin, rabattent leurs bêtes.




Ils ont fait 105km pour nous rejoindre. Les trois nomades qui vont nous accompagner dans cette aventure arrivent. On les regarde arriver, en rang d'oignons. Une belle brochette de touristes ! Les petits chevaux ne sont effectivement pas grands. Des petits chevaux bien rustiques. 
Les nomades ont les visages auxquels on s'attend: la peau tannée, brunie par le soleil et la vie dehors. Des sourires immenses. Je les trouve beaux, authentiques.
Ca sent bon le cheval. Tous sont parmi les tentes, broutent, ils vivent avec nous. C'est juste incroyable.
Je suis rassurée, c'est celle-là, la Mongolie dont je rêvais.

La soirée se déroule tout en pudeur. On apprend les noms de nos guides nomades: Boldo, Dembe et Soko, mais on ne se mélange pas trop. Tout le monde est bien fatigué de cette journée. En allant me coucher, je réalise un peu plus que je suis en Mongolie, que cette journée avec l'arrivée des nomades et des chevaux est la journée de transition entre le rêve et la réalité.