vendredi 30 novembre 2012

Lac de Shireet

30 juillet 2012

 

Ce matin, traite des yacks chez nos voisins avant le petit-déjeuner. C'est compliqué d'aller vite ! Les yacks sont des bestioles étranges. Je m'attendais à un cri ressemblant au meuglement des vaches, finalement, ça s'apparente plus au grognement d'un cochon.
Le soleil est super agréable, tout est ensoleillé et ça change tout le paysage.

 

Une fois à cheval, on rabat le troupeau de yacks vers un autre pâturage en poursuivant notre route pour le lac de Shireet. Encore un peu plus haut dans la montagne, des montées raides, puis un petit bout de clairière. Dembe nous cueille des fleurs, nous fait goûter de la ciboulette sauvage. Il tape sur ma bombe aussi, se moque de la grosse tête que ça me fait !
La descente vers le lac est raide et trop glissante, on met pieds à terre. Pas facile de partager l'étroit chemin avec un cheval qui glisse et ne pense pas à la place qu'il te laisse. On arrive en bas, sur les berges du lac, c'est magnifique. Et en plus il fait beau. On essaie de pêcher du poisson pour ce midi mais en vain, encore une fois. Je vais finir par penser que les mongols sont doués pour tout sauf la pêche !





 On profite du beau temps pour aller se baigner. l'eau est méga fraîche, mais se baigner à plus de 2400m d'altitude: fait. Et séchage dans les dels gentiment prêtés pour pouvoir remettre nos fringues sans les tremper.



L'après-midi = retour au camp par un autre chemin. Et surtout, l'après-midi = grosse frayeur.
En remontant à cheval, je ne me sens pas bien, j'ai le ventre en vrac, peut-être dû à la baignade un peu trop fraîche. Tout le monde plaisante, comme d'habitude, se lance des pommes de pin... Mais moi je ne suis pas dans le coup, j'ai la tête qui tourne un peu. Je prends sur moi et espère que ça passera vite parce que c'est le genre d'état où tu n'as pas envie d'être à cheval.
Le ciel se couvre, de gros nuages sombres font leur apparition, on va donc rentrer au trot pour arriver au campement avant que l'orage n'éclate. Mon cheval a de petites foulées et commence à se faire distancer par le peloton de tête. Je sens qu'il n'aime pas ça et veut rattraper, seulement l'herbe est grasse, le terrain meuble, je le retiens, me cale à la vitesse d'Anne et Ash. Tout va bien, c'est plutôt marrant de courir contre le temps, j'oublie même que j'ai mal à la tête. Tout va bien, jusqu'à ce qu'une furie me dépasse au galop en criant "tchou", nous frôlant et nous prenant par surprise mon petit cheval et moi. Ni une, ni deux, mon petit bai, partagé entre "je ne veux pas la laisser passer et je compte bien arriver avant elle" et la peur d'avoir été dépassé si subitement, s'emballe. Je ressens chez lui (et peut-être chez moi aussi) la même panique que le premier jour, lors de notre folle embardée. Sauf que cette fois-ci, nous galopons sur du gruyère. Et ce qui devait arriver arriva. Il se coince l'antérieur dans un trou, on est stoppés en pleine vitesse, je vois le sol se rapprocher tandis que j'essaie de toutes mes forces de me maintenir en arrière. Tout se passe très vite et en même temps j'ai le temps de voir toute la scène au ralenti, le temps de revoir d'Ash dire le premier soir, en attendant les nomades, qu'il y avait toujours une chute lors d'un trek, et de me dire "bon, ben ça sera moi la chute". Et comme si le temps devait récupérer son retard, tout s'accélère et je heurte le sol, à plat ventre. Avec l'élan, mon cheval bascule et me roule dessus. Le temps s'allonge à nouveau, et la roulade de mon petit bai me semble une éternité. J'ai le souffle coupé, sens chaque point de contact avec les 250kg qui me passent dessus en me demandant quand ça sera terminé. Mon cheval se relève, moi aussi. Ash descend de cheval, vient me voir, vérifie que tout va bien. Tout va bien. Je n'ai mal nul part, je ne suis pas sonnée, j'ai juste l'envie de pleurer, due au choc, que connaissent tous ceux qui se sont pris une énorme gamelle. Dembe rattrape mon cheval, il va bien lui aussi. Ash me demande de m'asseoir le temps de récupérer un peu, les autres vont rattraper le groupe de tête qui n'est pas au courant de l'incident et je retournerai tranquillement avec Ash et Dembe jusqu'au camp. Dembe prend mes rênes et me balade. Ils sont tous les deux soucieux et Ash est furieux contre la cavalière qui nous a doublés alors qu'il était interdit de le faire et qu'on devait garder le trot. Il ajoute qu'il a vu toute la chute, que c'est la croupe de mon cheval qui m'est passée dessus, que j'ai eu énormément de chance, si c'était la selle, avec les arceaux en métal, j'aurais été cassée de partout. Merci à ma bonne étoile !
Arrivés au camp, je suis l'attraction, Boldo est très inquiet, tout le monde l'est, sauf la furie qui ne se sent pas responsable et ose me dire "tu m'as vraiment fait peur". A ce moment, j'ai envie de la tuer. Pour me réconforter, j'ai le droit à un verre de vodka à boire cul sec. Paraît que c'est le meilleur remède ! 
On n'a pas le temps de grand chose que des grêlons commencent à tomber. Avec Céline, Jeanne et Marie-Astrid, on se réfugie sous la grande tente martelée par des billes de glace énormes. On y restera 20mn. 20mn pendant lesquelles le contre-coup me prend et me donne terriblement sommeil.


Je vais m'allonger une petite heure. A mon réveil, on me propose d'aller faire un tour chez les voisins. Je monte derrière Boldo, à cru, sur mon petit cheval. J'avoue que j'aurais pas aimé être toute seule dessus.
On passe la soirée à notre camp, autour du feu. La yack vodka et les chants sont encore de la partie. Et bizarrement, la vodka passe de mieux en mieux, à croire que je deviens alcoolique. On fait aussi quelques jeux sympa. 
Francis est impressionné par ma force de caractère, remise si vite de ma chute, puis également par mon calme le premier jour. Comme je lui ai dit, ce n'est pas ma première chute, ni la dernière. C'est cependant la plus belle.
Quand je repense à ce matin, à la traite des yacks, j'ai l'impression d'avoir vécu mille journées.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire